Deuxième numéro de CQFE aujourd'hui, il y sera question de Klub des Loosers, groupe de rap français emmené par Fuzati et DJ Detect, et plus particulièrement, de leur second album "La fin de l'espèce" sorti en 2012.
Commençons par le commencement. L'album fait suite à "Vive la vie", première étape de la trilogie annoncée par le rappeur versaillais. Je ne saurais décrire cet album que comme le récit des frustrations d'un jeune adulte. On peut vite y dégager trois points caractéristiques. D'abord la voix assez spéciale de Fuzati, difficile d'enchaîner tout l'album d'une traite à la première écoute. Ensuite, la qualité des musiques, assez mélancoliques et voulues intemporelles (effet réussi) à l'image des textes, permettant de ne jamais pouvoir vraiment situer la date de parution dudit album. Enfin, et surtout, l'écriture de Fuzati est remarquable, et le classe déjà dans une catégorie à part. Comme je voulais plutôt évoquer le deuxième album, je ne vous laisserai ici qu'un titre assez éloquent, "De l'amour à la haine", pièce magistrale du disque. L'histoire d'un règlement de compte post-rupture sentimentale, sur le sample de la musique principale de Cannibal Holocaust, film aussi méprisable - les scènes animales, car réelles, sont relativement insoutenables - que son thème musical est sublime. Le texte est aussi cruel que bien écrit, tous les ratés venant tenter la comparaison avec Sale Pute d'Orelsan peuvent donc retourner à leurs contines.
Huit ans plus tard, Klub des Loosers revient donc avec La fin de l'espèce. Plus abouti, le disque reprend les mêmes recettes que son prédécesseur, autour d'un nouveau thème, le choix d'un individu de ne pas se reproduire et de revendiquer cette non paternité. Celui-ci est omniprésent sur l'album, traité selon divers points de vue, tel celui du beau père sur Non père.
La musique, à une époque où chaque album est obligatoirement à moitié électro, en est d'autant plus appréciable. En dehors du thème récurrent de la non paternité, les morceaux évoquent l'autre vie professionnelle de Fuzati - ce qui le place la encore comme un rappeur différent - à l'image de L'Indien, ou l'on retrouve sa plume acérée.
Cette qualité d'écriture ne se dément jamais (Destin d'Hymen, L'animal...), et la voix, qui a quelque peu évolué avec l'âge, est globalement plus accessible et agréable qu'en 2004. Pas de lien deezer, Fuzati ne souhaitant pas y mettre ses disques, mais ceux-ci restent écoutables sur Youtube : Ici et Là. Je vous laisse avec le clip de Volutes, titre le plus accessible de l'album qui peut-être une bonne porte d'entrée de Klub des Loosers.