2022
Gondwana Records
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C'est doux, au sortir de la soirée. Il fait un peu froid dans la pièce, mais c'est parce que devant l'ordinateur, je ne bouge pas, ou si peu que je ne me réchauffe pas. Et puis j'ai coupé le chauffage la nuit, pour faire des économies, c'est aussi mon geste pour la planète, je trie déjà mes déchets.
Qu'il est reposant d'écouter un album comme ce Night Lands. S'il est question de nuit, on entendrait par la plutôt tout un nuancier de teintes sombres, un motifs de gris et de blanc. C'est une techno lente, electronica, dirait on, pour ce que cela veux bien dire, mais souvent, on virevolte avec la musique ambient. C'est une lande brumeuse qui se dévoile peu à peu à l'auditeur, un endroit mystérieux remplit de rituel païen, de mythes, et de tourbes.
Aurore, livre cinquième, aphorisme 575
Nous autres aéronautes de l’esprit. —
Tous
ces oiseaux hardis qui s’envolent vers des espaces
lointains, toujours plus lointains, — il viendra
certainement un moment où ils ne pourront aller plus
loin, où ils se percheront sur un mât ou sur
quelque aride récif — bien heureux encore de trouver
ce misérable asile ! Mais qui aurait le droit de
conclure qu’il n’y a plus devant eux une voie libre et
sans fin et qu’ils ont volé si loin qu’on peut voler ?
Pourtant, tous nos grands initiateurs et tous nos
précurseurs ont fini par s’arrêter, et quand la fatigue
s’arrête elle ne prend pas les attitudes les plus
nobles et les plus gracieuses : il en sera ainsi de toi et
de moi ! Mais qu’importe de toi et de moi !
D’autres oiseaux voleront plus loin ! Cette pensée, cette
foi qui nous anime, prend son essor, elle rivalise
avec eux, elle vole toujours plus loin, plus haut,
elle s’élance tout droit dans l’air, au-dessus de
notre tête et de l’impuissance de notre tête, et du
haut du ciel elle voit dans les lointains de l’espace,
elle voit des troupes d’oiseaux bien plus puissants
que nous qui s’élanceront dans la direction où nous
nous élancions, où tout n’est encore que mer, mer,
et encore mer ! — Où voulons-nous donc aller ?
Voulons-nous franchir la mer ? Où nous entraîne
cette passion puissante, qui prime pour nous toute
autre passion ? Pourquoi ce vol éperdu dans cette
direction, vers le point où jusqu’à présent tous les
soleils déclinèrent et s’éteignirent ? Dira-t-on peutêtre un jour de nous que, nous aussi, gouvernant
toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une
Inde inconnue, — mais que c’était notre destinée
d’échouer devant l’infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ? —
Friedrich Nietzsche