Amen |
2011
J'arrive après la guerre, je le conçois parfaitement mon général. Pourtant mon général, il m'en a fallu des semaines pour appréhender ce disque. Inutile de revenir sur le passé, tout le monde, connaît Justice, à moins que vous ne soyez un moine bouddhiste, et dans ce cas là, vous avez sûrement d'autres chinois à fouetter. N’empêche, en 2007, je téléchargeais illégalement "Cross", premier album du duo parisien, attiré par sa belle pochette noir et jaune. Comment vous décrire le frisson qui ma littéralement parcouru le dos dès les premières notes de "Genesis" ? Comment mon général ? Justice fait parti de ces groupes qui sont propulsés au sommet de la gloire en un album, hissés avec force sur un piédestal aux cotés des Daft Punk . Toute une génération de kids qui en 2007 ont vibré au son de D.A.N.C.E portée par la voix de l'anglaise Uffie . En 2007, c'était l'année de Justice, point barre. Le renouveau de la French Touch pour les uns, les nouveaux maîtres incontestés de l'électro made-in-France, bref, on en a bouffé grave.
Après quatre ans d'absence, la Ferrari de l'écurie Ed Banger de Pedro Winter revient avec un album controversé. Et on imagine qu'il est controversé tant le duo plaçait la barre dans la stratosphère avec Cross.
Alors ça commence avec "Horsepower" qui pour moi est clairement dans la lignée du précédent, ainsi, l'introduction de l'album est la suite continue de celui d'avant, un pont entre deux époques. Grosse basse, beat basique hyper efficace et quatuor à corde sur mélodie flippante à la Stress . La suite est déjà entendue, "Civilization" et son clip mystérieux qui met en scène un troupeau de bisons dans un monde inversé qui s'écroule sur lui même. Découvert dans la pub Addidas , ce premier single a bien surpris au départ, déroutant plus d'un fan, scindant en deux une communauté unie. D'un côté, ceux comme moi qui saluaient l'effort de renouveau du son du groupe. Et de l'autre, les fans hard-core qui pleuraient dans leur lit en mouillant leur vinyle de Waters of Nazareth (premier présage). Souvenir de longues minutes à triturer le son dans tous les sens pour savoir si le son sur le break était bien pompé sur celui des Who ... Et puis ensuite, si les deux premières chansons entretenaient un lien ténu avec Cross, c'est pour mieux le couper dès la troisième tracks "Ohio" , plus rien ne sera comme avant. Cette chanson assez anecdotique en soi est l'une que j'ai le plus de mal à écouter, je trouve sa structure simpliste, son break plutôt facile et disgracieux, je passe. L'intro Canon(primo) me réconcilie avec l'album, me rappelant furieusement certains rythmes issus de la musique du moyen âge, genre bal à la cour du roi de France, c'est ce que j'attendais de Justice, un truc qui détonne complètement, j'aime ces vingt-sept secondes toutes simples. "Canon", suite logique, se pose en premier pas dans le véritable nouvel univers musical de l'album, c'est là que se confirme l'utilisation de guitares, même discrètes, de beats moins électroniques, plus chauds, plus organiques, plus humains. Chanson qui trouve son paroxysme dans cette montée vocale du plus bel effet. "On'n'On" s'écoute, pour son petit break de flûte, pour sa montée en puissance, pour la richesse de ses instruments et de son orchestration. "Brianvision" me rappelle peut être à tord le travail effectué avec Mr.Oizo sur la B.O du film Rubber . L'utilisation des guitares prend tout son sens ici et le tout transpire furieusement le bon rock des 70's vintage et lyrique à souhait. Cette chanson possède un côté triste et fatidique, sans que j'arrive à expliquer pourquoi... Avec "Parade" ça risque de ne pas tabasser en live. Ça ressemble furieusement à du Queen, ça donne envie d'être perdu au milieu de vingt milles personnes à taper en rythme dans ses mains et à chanter. On pourrait croire à la fin de l'album, tant elle évoque le happy end d'un film, mais non. Silence. "Newland" ? WTF ? On s'éloigne encore un peu plus de l'électro et on branche les guitares, la disto, et c'est parti pour quatre minutes qui vont faire mal en concert avec son refrain imparable. Fatal. Je suis essoufflé rien que d'imaginer devoir danser là dessus, après tant d'hymnes au dance floor, on pourrait croire que l'album va se calmer mais il n'en est rien. "Helix", c'est le retour en grâce d'un mélange assez bâtard en rock avec pas moins de trois guitares différentes, c'est funk, c'est disco, c'est électro, c'est tout d'un coup, ça tabasse, je suis au bord de l’asphyxie.
Le meilleur pour la fin mon général, parce que sachez qu'Audio Video Disco possède une force d'impact titanesque. AVD consume l’oxygène dans la salle, AVD donne envie de crier, courir, sauter, danser avec ses potes et si je l'écoute sur la route, je risque de finir dans le fossé à force de taper dans mes mains au lieu de conduire. La dernière partie de la chanson sera propice à une orgie de Headbanging frénétique, la bave aux lèvres et le coeur serré que tout se finisse si vite. Je m'écroule, les secours m'embarquent et me mettent sous assistance respiratoire tandis que mon corps monte à plus de quarante degrés.
Concrètement, cet album de justice est un très bon album qui demande du temps pour se faire adopter. Je n'attendais pas un Cross II et j'aurais été déçu dans le cas contraire. Le petit dernier dévoile au fil des écoutes une richesse musicale que son grand frère ne possède pas et demande de s'y arrêter, voire à insister pour s'apprécier pleinement. clairement, pour moi, c'est un album qui va faire mal en live pourvu qu'il soit correctement mixé avec les anciennes, et j'ai toute confiance dans le groupe pour ce faire. Audio Video Disco, j'achète.