Parce que en cinq albums, le krou sème des cailloux derrière lui, mais il faut chercher pour les trouver.
Toujours prompt à critiquer la société qui l'entoure, King Ju ne tombe pas dans le piège de la posture. C'est bien de quelqu'un qui s'est mis hors la société qui jette son regard critique sur celle ci. Sans s’embarrasser à proposer une solution (qui n'est surement pas le fait de l'artiste).
L'album sonne comme un cycle qui aurait atteint son point de départ. C'est le retour du lourd hip hop ensorcelé et du punk.
Qu'on se rassure quand même, rien ne sonne comme Stupeflip.
Ici, on est dans la divine comédie. L'histoire du krou se déroule sous l'oreille, ajoutant encore quelques pages à une mythologie déjà obscure, Pop Hip aux enfers erre sans but, cherchant sans savoir ce qu'il doit chercher. Et que dire ce cet enfant qui évoque un père violent ? Que dire de cette chanson qui raconte la fuite en avant dans la fumette, dernier refuge d'un esprit tourmenté qui à renoncer à faire de la scène tant cela le rendait malade ? Que dire de cet homme qui jette un regard triste autour de lui et qui constate que tout à vieillit, ronger par les regrets et les remords ?
Tout est vrai dans Stupeflip, disait King Ju, au moins pour l'auteur des chansons. Si Stupeflip est une catharsis, il y a de quoi s'inquiéter pour son auteur, dont on mesure finalement peu la gravité des textes sous cette texture de bouffon dont il s'est fait une seconde peau. En ré écoutant Stupeflip, j'ai eu l'impression de voir un pote partir peu à peu en couille sans que je n'y puisse rien, exorcisant ses démons dans cette musique unique. Parfois, l'espace d'une seconde, j'espère qu'il trouve un peu de paix. Force à toi mec.