Storefront Church - The Covers

 











2023
Ink & Oil
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Le disque de mon hiver. J'entends que ce résumé succinct est très insuffisant, mais la pratique de la musique est aussi une question de contexte. Le ciel est bleu comme jamais, et il gèle, le soir tombe vite, et la lumière rasante du soleil imprime dès cinq heures un filtre rougissant sur les bâtiments.
J'aime regarder la cathédrale, le sommet de sa flèche reste dans la lumière plus longtemps que le reste de la ville, c'est un spectacle qui ne me lasse jamais. J'aime déambuler dans ces rues étroites, un cheval ne pourrait pas y passer, ou difficilement. Il y a pléthores d'endroits agréables ou marcher, et comme l'a dit l'autre, l'inspiration et la réflexion viennent plus facilement en marchant.
En plus il y a Phoebe Bridgers et George Clarke, sur le même disque, vraiment ?

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Saint Malo - Saint Malo

 











2023
Lovemonk Discos buenos
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Il avait plu, à verse, une averse torrentielle. L'air était chargé de pétrichor mêlé d'embruns. Une pâle lueur jaune était sur l'horizon de la mer, le ciel était gris, la mer haute et agitée, les crêtes des vagues couvertes d'écume s'écrasaient sur la jetée de pierre.
- Tu crois que nous sommes, comment dire, hanté ? Par les endroits, les gens qu'on a connus ?

J'ai réfléchi un instant, assis sur les remparts de la vielle ville, au mépris de la sécurité.

- Je crois que les gens plus que les endroits nous hantes. Si j'étais venu seul ici même, je n'aurais pas eu ces sentiments, les endroits ne sont que des endroits, des positions dans l'espace, on y est à un moment donné, et puis on y est plus, on s'est déplacé. Mais les gens que l'on a connus, il marque ces endroits. Si demain, je vais dans une ville où je n'ai jamais mis les pieds, sans doute ne m'y sentirais-je pas hanté, comme tu dis. Mais les personnes sont tous, et c'est tout ce qui compte.
Notre mémoire est peuplé de fantômes, d'amis oubliés, de connaissance vagues, d'ex-copines ou copains. La mémoire elle-même est surtout faite de vide, comme l'univers. Nous oublions, il ne nous reste que des impressions, des souvenirs, des images, des sensations, des odeurs, des gouts. Nietzsche dit que l'oubli est une bonne chose, qu'il permet de digérer une information et de l'assimiler. Il a peut-être raison. L'amour vient, et parfois repart, les peines, les chagrins, les deuils s'estompent avec le temps. Les joies et les rires sont intenses et bref. Tout ça laisse des cicatrices dans l'âme de la même façon qu'une blessure. Des cicatrices peuvent de temps en temps être plus légèrement sensibles que le reste de la peau, un souvenir est ainsi, pour la mémoire, une trace qui reste, qui parfois reste endormi pendant une décennie avant de ressurgir tout à fait fortuitement, par un stimulus, à la manière de la madeleine très célèbre. Comme nous n'avons pas les mêmes souvenirs que nos semblables, notre mémoire est le témoin de notre singularité, puisque nous ne réagirons pas pareillement aux mêmes événements de la mémoire.
Alors oui, d'une façon, nous sommes hantés par les gens que nous avons connus, et leurs ombres nous accompagne. J'ai connu une fille à qui il m'arrive de repenser, je me demande ce qu'elle devient, ce qu'est sa vie. Et puis je n'y pense plus après. J'ai eu un ami pendant des années, de la primaire au collège. Nous étions très proches, et puis au lycée, nous avons rencontré d'autres personnes, nous nous sommes éloignés, et il m'arrive de repenser à lui. Je me demande ce que devient la première fille avec qui j'ai fait l'amour, j'y repense parfois. Je repense à mon ex et je me demande ce qu'elle va devenir, et ce que moi, je vais devenir, alors que tant d'objet qu'elle a touché sont encore présents dans ma vie. J'ai retrouvé un chouchou lui appartenant sous le lit, et j'y ai repensé, et puis, j'espère, tout cela s'estompera probablement, le temps fera son œuvre de tri.
Parfois, je voudrais ne jamais oublier certaines choses, je suis très mélancolique, parfois, j'aime la souffrance que procure la remémoration, parce que quand on souffre, tout semble si simple. C'est facile de se laisser happer par la souffrance, c'est si simple. Je ne blâmerai jamais les gens malheureux de leur mémoire, traumatisé par un événement, ou juste par la vie même, parce que d'une certaine manière, j'en suis. J'ai pour remède les joies du passé et leurs éclats est comme une étoile luisant faiblement dans le ciel, mais elles ont là, et au final, c'est ce que l'on voit le mieux la nuit.
Quel malheur cela serait de ne jamais oublier, on n'y survivrait pas, pas longtemps.
Je ne trinque jamais à la santé, mais à la joie, c'est bien mieux.

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Besna - Zverstvá

 











2023
Fiadh Production / Vita Detestabilis
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Que dire, c'est ce que j'aime écouter en ce moment, quand les jours raccourcissement, quand le froid saisit les visages que l'on cache dans des écharpes et des bonnets, quand ça sent le bois qui brulent dans les cheminées. C'est ainsi, chaque saison, et quand la fin de l'année arrive, je me sens plus mélancolique, plus sensible, c'est la période, c'est ainsi.
Qu'il ait fallu aller jusqu'en Slovaquie pour y dénicher Besna, quatuor post black métal, n'y change rien. Ils sont capables de m'emmener, moi, avec eux. Non pas que la musique du groupe soit particulière, c'est une bonne chose bien faite. Capables de violences comme des élans les plus doux, jouant avec les rythmes, les harmonies, le chant sait s'effacer au profit de la mélodie quand il le faut.
Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce disque, il parle à mon humeur, sa musique du moins, tout en tensions et relâchement salvateur, tout en lumière, on y sent poindre l'espoir parfois.
Mais surtout quel talent de composition, une chanson comme Margita (Marguerite), qui passe par tant de phase, est une vraie réjouissance à l'écoute, un ravissement de l'instant qu'il faut encourager. Que l'on se rassure, le reste n'en est pas moins aussi bon. Ça fait des semaines que je n'avais pas écouté un album de métal aussi bon que celui-ci, et non vraiment, c'est un ravissement.

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King Gizzard & The Lizard Wizard - The Silver Cord

 











2023
KGLW
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Il y à quelque chose de  plus aériens dans la musique des australiens sur cet album. Nonobstant que le précédent album sentait l"essence et la rouille, le désert et la magie noire, il en avait l'aspect, le gout, l'odeur donc, le bruit. Cet album ci, le je ne sais combien-ème, prend le contrepied d'un Pétro Dragonic qui se voulait rugueux et tranchant, avec un mélange de pop et d'électronic qui confine à la dance. De la dance  musique presque, avec "Set" d'abord, sonorité très 80's, rythme rapide, chant saccadé, on y dance aisément, et puis "Gilgamesh" plus sombre, presque techno, une vibration des années 90, un titre sous acide qui s'accélère au rythme des battements de cœurs des danseurs exténués. 
C'est en parfaite transparence que le groupe annonce la tonalité, posant entouré de nombreux claviers électroniques dont on sais qu'ils ne sont pas là pour faire figuration. Et ça continue avec "Swan song" encore  plus rapide, boum boum boum 120 bpm et le cœur au bord des lèvres.
Mais KGLW tire son épingle du jeu avec cette façon si particulière de composer une chanson. Le chant  y est reconnaissable, et malgré  un début somme toute classique, l'album devient vite une boite de nuit sur ses quatre derniers titres, ça va sévèrement transpirer en concert, je veux dire, plus qu'a l'accoutumé.
L'album est un régal, on y est content de retrouver ces six là dans un registre auquel ils ne nous avaient pas habituer, démontrant  une fois de plus combien ces australiens  là, prolifique comme jamais, explorent chaque continent d'un genre en y puisant  une  inspiration infinie. Reste à espérer qu'ils ne brulent pas la chandelle par les deux bouts.

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The Reds, Pinks & Purples - Murder, Oral Sex & Cigarettes

 











2023
Bandcamp

Malgré un nom que certains qualifieront de provocateur, ce court album (moins de vingt cinq minutes) n'est pas tant aussi remplie de stupre et de luxure. Ho, l'ironie. Il s'agit plutôt d'une série de chansons tristes, aux accents dream pop, qu'on écoute volontiers d'une traite. Glenn Donaldson au chant est parfait dans l'accompagnement de ces petites pépites pop, à la fois chaleureux et triste quand il le faut, il chante juste sur ces arpèges de guitares et ces rythmes entrainant, bien qu'on devine toujours à l'arrière  plan quelque élans mélancoliques, ou quelques désillusions, qui parsèment les chansons. L’exception vient de la piste cinq "Generator Show", qui tranche avec le reste, puisqu'elle est une longue montée crescendo de plus de sept minutes, qui se termine sur un arrière plan de guitare hyper saturé mais jamais agressive, sorte de long  morceau bruitiste et instrumentale, comme un homme ivre qui marcherait dans une rue la nuit, oublieux du monde. L'album se clôture sur "Late To The Party", probablement le morceaux le  plus triste et le plus  poignant de l'ensemble, véritable déchirement qui donne le coup finale, achevant de convaincre l’auditeur de la très belle qualité d'un album qui se paye le luxe de n'avoir aucune pistes en trop et  ou chaque chanson est à la bonne place et sonne juste, une très belle découverte et  un groupe à suivre à l'avenir.  

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Activity - Spirit in the Room

 











2023
Western Vinyl
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Le meilleur album de Radiohead jamais réalisé ? Ho c'est que j'aime la musique des anglais, et d'un attachement sincère et indéfectible. Tu vois cette sensation quand tu apprend un truc à ta petite sœur ou ton petit frère, à jouer aux cartes, ou à n'importe quoi d'autre, et que il ou elle se met à te battre systématiquement et sans vergogne ? C'est un peu ça ce Spirit In The Room, si ça peut aider à situer musicalement, on se trouve plutôt sur la période Kid A/Amnésiac.
Mais passer cette première impression, on aurait bien tort de les considérer comme les derniers née d'une longue  lignée de groupe se réclamant du groupe anglais. L'ont ils fait ? Je l'ignore, et pour dire vrai, je  m'en fout.
Il est de ces albums à l'ambiance tranquille, feutré, dont les bruissement de soie ne sont que des  leurres pour cacher une plus grande détresse, une plus grande souffrance.
Composer pendant la pandémie, il a obligé les musiciens  à travailler de chez eux, avec pas mal de matos électronique, de samples, de boucles. Il n’empêche pas l'apparition délicieuse d'une section rythmique très solide, qui répète sans arrêt ou presque de ces boucles hypnotiques de basse sur un tempo de sabbat de sorcière.  C'est sur ces mantras assénés nonchalamment par un chant hanté que le disque passe de l'angoisse la plus saisissante à la joie lumineuse dans des compositions qui reflètent le talent de ce quatuor new-yorkais et qui en fait, sans doute pour moi, un des meilleurs album de l'année, ne serait ce parce qu'il est dur de s'en défaire et qu'on se surprend  à le ré écouter plusieurs fois de suite, c'est bon présage.

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