Archive for 2025

LIMBOY - II

 











2025
Stolen Body Records
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Brulant comme l'indique si peu discrètement la magnifique pochette de l'album. Tantôt chalumeau, tantôt pâle, lueurs fantomatiques. C'est que l'album nous ballade, tout du long de sa demi-heure, entre déchainements euphorique et fausse douceur. La première partie du disque est une décharge de violence absolument réussit, qui donne envie de sauter partout dès les premières notes, une sensation physique. Sans mauvaise emphase, ces trois premiers titres m'ont littéralement pris aux tripes et dieu sait que j'aime quand la musique agis sur le corps. Secouage de tête incontrôlé, déhanchement erratique en rythme, bras qui s'agite dans l'air.
Comment ne pas succomber aux sirènes de ce combo destructeur de la section rythmique, lourde, inexorable, avec cette batterie métronomique, marteler jusqu'à l'agonie, et cette basse grave, rauque, laiteuse, qui vient comme un aiguillon directement dans le cerveau pour parler à l'animal à sang froid qui sommeil en nous ?
Et cette transition sur "Nightman" ne manquera pas de faire sourire béatement ceux qui, après une dizaine de minutes de course effrénées, se verront offrir une pause, une respiration bienvenue, pour mieux se faire tromper avec ce final qui ne peut se vivre que d'une façon, en sautant encore, plus haut.
Ce punk qui oscille entre noise et post se taille une belle part de guitare, qui ne sont pas en reste, ça sature, ça tiraille, ça se fait une fois incisive, puis doucereux. L'énergie dont déborde un groupe comme LIMBOY, porté par une voix éraillée et colérique, se transmet de manière très naturelle à l'auditeur. Si on aime un peu ce genre, il sera difficile de passer à côté de ce groupe cette année, et j'espère sincèrement pouvoir les entendre en live afin de mélanger ma sueur à celles de plein d'autres gens, et qui sait, avec de la chance, d'autres trucs. Une fois de plus, ça va direct dans le top album, quelle singerie, quelle énergie, j'en veux.

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Miya Folick - Erotica Veronica

 











2025
Stop Talking
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J'étais convaincu à la première écoute. À la troisième chanson, "Alaska", je savais que ça allait être un des meilleurs albums de l'année. Si on aime ce mélange entre pop et folk, avec quelques passages plus chargées en guitare saturées, alors la musique de Myia Folick est faite pour vous. Elle l'est pour moi, car il ne s'agit que de moi. C'est le parfait exemple de la perfection que peut atteindre la simplicité. Les compositions ne sont là que pour accompagner la voix de sa chanteuse. Quelques notes posées sur une guitare sèche, quelques notes de synthés, une batterie lente comme le tempo de marcheur, et un talent certain pour la nostalgie et la mélancolie.
C'est avec une voix qui s'éraille parfois, montrant ses imperfections, que Miya raconte des anecdotes du quotidien, et rarement la banalité aura été mise en chanson avec autant de talent et brio. 

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Justice Divine - Justice Divine












2025
DESTRUCTURE
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Je cherchais une musique pour patienter les quelques heures qui me restent à tuer avant un rendez-vous avec une fille. À la foi stressé mais content, j'aurais opté pour quelque chose de léger avant que cet album des brestois de Justice Divine ne me saute à la gueule.
Sensible au texte, il m'arrive d'avoir souvent du mal avec le chant en français, et c'est à ces rares exceptions qu'appartient ce (trop) court album.
N'en déplaise à moi-même, je n'ai pas vu passer ces presque vingt-trois minutes, ou s'est déployé en moi cette musique qui oscille entre le post-punk, quelque chose d'un peu gothique, et un peu de chaleur froide.
On se sent littéralement mieux après avoir écouté une telle musique, si inspiré, dont la composition recèle à la fois un vrai travail d'orfèvrerie sur les voix, mais aussi un côté plus brut et sec, grave, rauque parfois, dans la musique.
Peut-être que cette musique parle à un moi plus jeune dont il ne reste qu'un vague écho, mais de toutes les émotions que je déteste, la mélancolie est ma préférée.
Ça part dans les favoris de l'année direct.

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DITZ - Never Exhale

 











2025
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C'est anglais, c'est pas mal non ? On pense tout de suite à Fontaines D.C pour l'ambiance, mais comparaison n'est pas raison. Si la filiation semble évidente, il serait réducteur de se cantonner à étiqueter le groupe de Brighton comme un énième bourgeonnement de ce mouvement gazeux, aux frontières du post punk et du rock.
Il y a quelque chose de grotesque et bouffis dans la musique de ces anglais-là. Non pas en mal, mais dans l'expression même de leur musique. Quelque chose de gonflé qui les éloigne de leurs cousins anglais qui sonnent plus propres qu'eux.
La batterie est lourde, métronomique, les cordes sont grasses, dégoulinantes. La basse est lourde, prend aux tripes. La guitare collante. Et pourtant le tout pourrait aisément se danser dans une rave dégénérée ou s'afficherait une collection de freaks comme on en voit plus. Le chant hurle, murmure, susurre, il est entêtant, parfois dérangeant. Il parle et il dérange comme la Cassandre moderne que nous ne voudrions pas croire en dépit du bon sens. Et toujours chez Ditz, un sens du rythme qui fait plaisir. Des refrains qui vont déchaîner la foule, la faire suer, la mettre en transe sous ce matraquage stroboscopique en bonne et du forme et ces paroles répétées à l'envi comme des mantras de prêcheur fou.

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Mogwai - The Bad Fire












2025
Rock Action Records
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Je connais peu Mogwai. Et The Bad Fire est leur onzième album, c'est dire si j'accuse un retard béant. C'est beaucoup pour un groupe dont je sais tout de même qu'il fait autorité dans le Landerneau de ce genre si particulier que j'affectionne tant. Il s'agit bien sûr de ce mélange flou et opaque entre rock progressif et shoegaze, et parfois même un peu de musique électronique s'invite par effraction par la fenêtre.
Comme souvent avec Mogwai (et je n'ai pas tout écouté) On est là toujours entre la mélancolie un peu amère, les moments de contemplation, et carrément la tristesse confinant au désespoir. Ces crescendos de guitares qui se terminent en déluges sentent la pluie qui bat le visage et les cœurs blessés par la vie. Peu de paroles, une fois de plus, quelques phrases ici et là, ce n'est pas par le logos que ça se passe. C'est une musique qui parait presque douloureuse à l'audition, tant elle semble en être le fruit.
Heureusement, un disque déprimant peut aussi être un bon disque, voir un très bon disque.
Pas sûr qu'on le réécoute quand les beaux jours reviendront, mais en attendant, il reste quelques mois de froid et de pluies grise pour le savourer jusqu'à l'excès. 

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Last Train - III

 











2025
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J'ai appris que le groupe était français en lisant des chroniques sur d'autre blog plus joli et plus sérieux que le mien. Ce n'est pas que ça compte d'ailleurs, mais s'il fallait s'enorgueillir qu'un peu, eh bien, on n'aurait pas à rougir de le faire.
L'album est le troisième du groupe, auquel il donne sobrement son nom.
Ce qui frappe de prime abord, c'est cette bouche. Parce que ce qui attira mon regard avant même d'écouter une seule note de l'album, ça a été cette bouche. Bouche qui hurle ? Qui rit ? Le rictus qui la déforme n'est pas clair sur la raison de cette déformation, mais on peut intuiter une émotion violente, de celle qui affecte le corps pour de bon.
La musique de Last Train affecte le corps aussi. Elle ne fait pas hurler, ni rire, elle est plus pernicieuse, plus insidieuse. Elle s'infiltre dans la tête par les oreilles. Cette musique rock dans son adn qui se paye le luxe d'assumer les influences de groupes comme Nine Inch Nails, et pour le meilleur. Ce n'est pas du plagiat, c'est un hommage.
Alors oui, on va écluser les poncifs de merde. C'est parfois violent, c'est parfois calme et détendu, mais toujours une tension demeure dans ce disque. Il est équilibré, très bien même.
Le rock s'y fait tantôt incisif, tantôt rugueux, de même que le chant, qui souffle le chaud et le froid sur nos oreilles, alternant entre cris primaire et murmures doucereux.
Enfin merde, je sais qu'il est bien l'album, je ne sais pas comment vous le dire mieux. Voici deux extraits pour vous convaincre que c'est déjà l'un des meilleurs albums de l'année.
De toute façon personne ne m'écoute, et je n'ai jamais écrit que pour moi. 

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MIRAR - Ascension

 











2025
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Bah, je ne vais pas me mentir, ce n'est pas du tout ce que j'écoute d'habitude. L'une des premières choses auquel j'ai pensé, c'est bande originale du jeu DOOM, mais la référence me parait trop facile tant elle semble évidente. N'empêche, on s'y verrait bien, fendant des légions de démons à grands coups d'épée, sautant sur les parois au mépris des lois de la physique.
La seconde est peut-être ma lecture encore récente, et pour la première fois, de Dante Alighieri. Il se serait être question de faire un commentaire sur l'œuvre du florentin, mais cette histoire d'amour plus forte que la mort à l'attrait universel de tel récit, qu'il m'emporte, moi en tout cas, avec son héros.
Mais Ascension ne serait être catalogué, ou mal, ou partiellement.
C'est violent, très. Ça l'est pour moi. J'ai rarement l'habitude d'écouter quelques chose d'aussi agressif, d'aussi incisif, et surtout d'en resté béat, et surtout de l'écouter du début à la fin sans pause. J'avais envie de tout casser, j'ai écouté fort, j'ai eu mal à l'oreille comme après un concert trop près de la scène, mais j'étais content de l'avoir fait.
Ce déluge de guitares syncopées, de batterie métronomée à la mg42 , qui forme la base de l'album, ne sont pourtant pas ce qui en fait son principal attrait.
J'ai trouvé le talent du duo français dans une science du rythme, loin de n'être qu'un long monologue de staccato à faire suer, qui sait surprendre l'auditeur et toujours se renouvèle.
Mais essentiellement, les arrangements sont les plus dignes d'intérêt. Outre de très nombreuses références à la musique classique, une utilisation de piano, de cordes parfois, on s'y émerveille de l'utilisation de plages de synthés, on y dose les silences, et toute la musique de de MIRAR respire, et nous laisse respirer. Tout l'album s'équilibre naturellement entre la force de frappes de ses guitares hurlantes et ces mélodies qui le parcourent de long en long et qui lui donne cette facette épique qui en fait son charme.

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Lambrini Girls - Who Let The Dogs Out

 











2025
City Slang
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Ce que j'avais pressenti être un album de punk anglais féminin plutôt basique s'est avéré être bien plus complexe que prévu. Dès les premières mesures de "Bad Apple", le son se fait énorme, bien loin de la rugosité coutumière attendue. La basse est lourde, très lourde, la batterie est d'emblée en roue libre, la guitare hurle et le chant, le chant est un cri qui vient des tripes.
En moins d'une demi-heure, les onze titres sont expédiés à tombeaux ouverts, sans pause, sans jamais perdre d'intensité. La force d'impact de chaque morceau demeure intacte écoute après écoute. Je me suis surpris à l'écouter en boucles plusieurs fois. Pour peu que l'on garde un endroit dans son cœur pour cette musique un peu punk, un peu rentre dedans, avec un côté revendicatif assumé, queer et un humour cynique des plus délicieux, on ne manquera pas d'aimer cet album.
Avec une énergie communicative, Lambrini Girls met le feu à 2025 sans pitié et se place d'ors et déjà comme un immanquable de ce début d'année.

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The Chats - High Risk Behaviour

 











2020
Bargain Bin Records
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The Chats sont ce le meilleur groupe de la décennie 20 ? Dans leur catégorie, celle du punk aux relents de garage, de bières, de clopes et d'une crétinerie assumé, assurément.
Et on aurait pu arrêter ici cette chronique. Que dire qui n'a pas été dit sur ce trio d'australien ? Déjà que  plus que jamais, la scène musicale australienne est vivante et féconde, c'est un pays qui toujours nous donne à entendre des groupes incroyables, pour ne pas nommer l'un de mes favoris, King Gizard &  The Lizard Wizard, histoire d'avoir un exemple canonique que tout le monde peut comprendre.
Quatorze titres et vingt-sept minutes, faites les mathématiques chez vous. Cette concision me plait énormément, j'aime les choses qui vont  parfois droit au but sans enrobages, sauf quand il s'agit de sexe. Cette même concision, cette précision ciselée, que n'aurait pas déprécié un autre concis comme Stefan Zweig en littérature, lui qui n'aimait rien de plus que de travailler ses manuscrits pour en retirer, dans un plaisir n'appartenant qu'a lui, le plus possible de texte, et tout heureux, il s'en ouvrait à sa femme qui devait sourire face à son écrivain de mari.
Les membres de Chats, s'ouvrent-ils à leurs compagnes quand ils arrivent à réduire un morceau à sa quintessence ? il me  plait de le croire, et quoi qu'il en soit, ça fonctionne diablement bien.

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Godspeed You! Black Emperor - "NO​ ​TITLE AS OF 13 FEBRUARY 2024 28​,​340 DEAD"

 











2024
Constellation Records
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L'année n'a pas commencé avec un lever de soleil. Elle aurait pu, avec une telle musique. Car le soleil se lève aussi bien sur les bienheureux que sur les charniers, la lumière n'a pas de camp, elle.
Elle se lève sur les décombres des villes martyrs autour du globe, elle se lève sur les champs de braises et sur une mère qui embrasse sa fille nouvelle née, et sur celle qui pleure avec un petit corps disloqué serré dans un drap contre sa poitrine.
À quoi bon ? À quoi bon ces longues mélodies post rock, ces arpèges de guitares, ces longues montées en puissance de plus de dix minutes ? À quoi bon quand l'écoute de cet album vous étire entre une mélancolie douloureuse et une lumière trop vive ?  À chaque seconde son cortège de malheur, et alors, il ne restera plus qu'un tel disque pour tenter de vivre dans l'absurdité.
C'est là où GY!BE fais preuve de son plus grand génie, de son plus grand talent, c'est là où s'exprime la puissance d'un tel collectif, à savoir, qu'avec cette musique, ils nous fournissent un sol sur lequel danser, et ce n'est pas rien, par les temps qui courent.
Merci.

THE PLAIN TRUTH==
we drifted through it, arguing.
every day a new war crime, every day a flower bloom.
we sat down together and wrote it in one room,
and then sat down in a different room, recording.
NO TITLE= what gestures make sense while tiny bodies fall? what context? what broken melody?
and then a tally and a date to mark a point on the line, the negative process, the growing pile.
the sun setting above beds of ash
while we sat together, arguing.
the old world order barely pretended to care.
this new century will be crueler still.
war is coming.
don’t give up.
pick a side.
hang on.
love.
GY!BE

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